Chapitre 5 - Là, on y est !
Que c’est court 8 semaines… Tout enseignant qui se respecte se dit cela quand il est à quelques jours de la rentrée ! On se retourne sur ces vacances et on se dit qu’elles étaient bien, que leur début semble déjà si loin et que pourtant on a à peine l’impression d’en avoir eu… La mauvaise foi des enseignants des fois…
La canicule de cette dernière semaine hors de chez nous nous a mené souvent vers la piscine du camping des Cévennes où nous venons de passer ces derniers jours d’insouciance. La dernière inquiétude des vacances, est, comme toujours, le voyage de retour. Pour le retour, on n’aime encore moins les embouteillages que pour le départ. Finalement, le voyage se passe sans histoire. La joie de retrouver la maison, de s’y réinstaller passe vite et nous voilà déjà plongé dans l’école, parce que voilà, dans une semaine, il y a des élèves à accueillir.
Que reste-t-il à préparer déjà ? Ah oui, mes listes ! Et après ? Les livrets de niveaux… Bon finalement, mardi, j’ai le temps de faire une légère modification.
Jeudi, c’est déjà la pré-rentrée. Deux jours à l’école sans élèves. C’est bien aussi l’école sans élèves… Mais, ça manque quand même de vie ! Pour le retour à l’école, ça commence bien : deux déviations sur la route ! Pire qu’en juin ! Je ne sais pas si je vais retrouver une route directe un jour ! Deux ans au moins que ça dure… Je perds quand même une bonne dizaine de minutes. Sur une heure de route par jour, ce n’est pas négligeable…
Alors que je poursuis mon trajet vers Issiella, je pense à mon école. Deux mois bientôt que je n’y ai pas mis les pieds. L’école d’Issiella est l’école élémentaire d’une petite ville rurale avec une composante urbaine non négligeable. Beaucoup d’habitants travaillent sur la ville située à un quart d’heure de route. Ville moyenne, à la fois administrative et industrielle, c’est un bassin d’emploi important et bon nombre d’habitants d’Issiella y travaillent. On y retrouve aussi collège et lycée. Le nombre d’élèves dans l’école élémentaire dépasse largement la centaine et est relativement stable depuis plusieurs années, même si la tendance est la même que dans toute la France avec une réduction lente et inexorable des effectifs.
Nous y sommes 6 enseignants avec une bonne équipe qui travaille bien ensemble. La pré-rentrée, c’est donc aussi le plaisir de revoir tout le monde ! Et cette année, c’est un évènement, l’équipe renouvelle un tiers de son effectif. Accueillir de nouveaux collègues, c’est aussi se souvenir du bon accueil que j’y avais reçu il y maintenant bien des années !
Ce faisant, la campagne a laissé la place aux premières maisons d’Issiella. Tiens, un nouveau ralentisseur… Me voilà à l’école, la cour n’a pas changé, j’ouvre ma classe…
Ma classe… Fin juin, j’avais 23 élèves sur ma liste, début juillet, c’était plutôt 24. En ce jeudi matin, j’en suis encore là. Je commence juste à imprimer mes listes quand un coup de téléphone
de la mairie me fait tout stopper ! Une élève de plus… Bon allez, il est temps de réajuster les listes…
Dans l’après-midi, j’enlève 3 tables de la classe. 29 élèves l’an dernier, 25 cette année, on peut faire un peu place. Le petit déménagement à peine achevé, nouveau coup de téléphone… Une élève de plus en Cm2 ! Et hop, nous voilà à 26 ! Il va falloir que ça s’arrête ! Ah, mes listes !!! Et on recommence… A ce rythme-là ! Bon c’est décidé, je n’imprime plus de listes avant lundi !
Encore heureux que j’avais laissé une table en plus dans la classe, sinon, j’étais bon pour redéménager dans l’autre sens !
Vendredi, second jour de pré-rentrée ! Pas de nouvel élève en vue... Je finis le rangement, la préparation de tout ce que j’aurai à distribuer dès lundi. J’édite les premiers plans de
travail CPR de l’année... Mais pas de listes !
Vendredi 15h15, tout est prêt, il me reste quelques minutes avant la fin de mon temps de travail. Je regarde ma classe. Elle respire le calme et la quiétude… Elle est rarement aussi bien rangée… Je me dis que l’ouragan de lundi risque bien de renverser ce fragile instant…
Je suis prêt ! Une respiration, un dernier regard sur cette classe vide, lundi… Je referme la porte. Il est temps de partir en weekend, lundi sera un autre jour, départ d’une nouvelle aventure.
Note de l'auteur : le roman de l'année est un roman ! Il s'agit d'une fiction, même s'il s'appuie sur ma réalité de professeur des écoles.
Objectif premier du roman de l'année : Accompagner les nouveaux professeurs en Pédagogie CPR
Ce qui est réel :
- Temporalité et paramètres de la classe
- Les anecdotes sont réelles, mais pas de l'année en cours.
Ce qui est fictif :
- les élèves et leurs résultats, les personnages secondaires.
(Ils n'ont pas de lien avec qui que ce soit)
- L'école et son environnement. Issiella n'existe pas !
Crédit photos : beanico-photo (www.beanico-photo.fr)
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