Chapitre 12 - Fin de période
Et voilà la dernière semaine avant les vacances qui débute… Parfois on les attend ces vacances, mais cette année, avec la météo estivale qui perdure, avec cette classe plutôt facile à gérer, et bien je parviens au bout de cette première partie de l’année pas si fatigué. Bon, je ne vais pas non plus cracher sur 15 jours de repos ! Mais justement, je vais pouvoir les envisager avec envie plutôt qu’avec besoin !
Ceci étant, avant, il y a une semaine bien chargée ! Ce lundi soir, des rendez-vous de parents, demain, pareil et jeudi conseil d’école plus réunion préparatoire à la classe de neige avec les parents de la classe. Vivement vendredi !
Fin du challenge d’automne
La première activité de la semaine, c’est la grande finale d’athlétisme. J’ai conçu un petit jeu il y a quelques années qui passionne les élèves. S’il n’était pas pratiqué en finale de ce challenge, je ne suis pas sûr qu’ils s’y accrocheraient autant, mais là dans le contexte, ils sont à fond ! Aucune préparation, aucun entrainement, juste un jeu de lancer à la noix, tel que mon cerveau plus ou moins fertile sait les imaginer…
Un cerceau, un poids par équipe ! Les équipes jouent à tour de rôle. Les Rouge sont en tête du classement, ils partent donc avec un peu d’avance sur les autres équipes car j’ai converti les points acquis tout au long du challenge, en distance d’avance sur la ligne de départ. L’équipe qui atteindra l’arrivée en première aujourd’hui, sera donc déclarée vainqueur du challenge !
Et c’est parti ! Ilyan lance le cerceau. Il doit maintenant lancer le poids. Si le poids tombe dans le cerceau, son équipe avance jusqu’au cerceau. S’il rate le cerceau, l’équipe reste sur place. On change d’équiper. Celui-ci doit s’attaquer au même problème… Et de la stratégie ? Il y en a… Je lance le cerceau loin avec une grosse prise de risque, ou je le laisse tomber juste devant moi, car avancer, même juste un peu c’est quand mieux que de rester sur place.
Zacharie, lui, choisit de lancer loin, il est costaud, il veut remonter au classement. Il prend des risques et cela fonctionne par 3 fois ! Du coup, son équipe reprend vite du poil de la
bête ! Les Orange reviennent dans le jeu ! Les Jaune choisissent la stratégie opposée. Aucun risque. On pose le cerceau juste devant… Mais à ce petit jeu, Eline arrive à trouver le
moyen de lancer le poids trop loin ! Pour les Rouge, tout va bien, ils arrivent à conserver de l’avance et se disent que ce n’est pas mal parti…
Mais la rivière arrive… La rivière, c’est la piste d’athlétisme… On doit la traverser d’un seul jet ! Là, il faut bien dire que les Rouge prennent le bouillon. Il va falloir pas mois de 5 lancers pour parvenir à traverser. Pendant ce temps les Bleu et les Vert sont passés et se bataillent pour la victoire avec des Orange devenus bien menaçants.
Mais la course est longue. On veut faire mieux, on veut rattraper l’équipe qui est devant… Parfois, on veut juste aussi rattraper le précédent lancer raté. Donc, on lance un peu plus loin, et on ne parvient pas à lancer le poids dans la cible. On s’en veut, on en veut à ses équipiers qui ne font pas mieux… Et la fois d’après, c’est sûr, on va se refaire : on lance encore plus loin… Et ce satané cerceau qui retombe sur la tranche et se met à rouler… Il s’arrête encore bien plus loin… Impossible d’y lancer le poids, même pour Zacharie… Alors la traversée du stade est longue.
A ce petit jeu, tout le monde crie, s’encourage ou se désole ! Ethan se permet même d’insulter Rayan car il lance, selon lui très mal ! « Ethan ! Une étoile de moins ! » Et chez les Rouge, après 5 semaines de course en tête, c’est la désillusion… L’équipe se chamaille : « C’est de ta faute ! Tu le fais exprès ! » « De toutes façons, j’en ai rien à faire de vous… »… Ouh la la ! On s’entendait mieux quand on gagnait… Plus ça va, moins ça va, le moral n’y est plus, on baisse les bras et on finit dernier de ce challenge que l’on a mené depuis la première journée… Quand on pense toute la période que l’on est imbattable, c’est dur à encaisser. Et pourtant, je le leur avais dit :
« Attention, la dernière journée est primordiale pour gagner… Et il ne suffit pas de courir plus vite que les autres ! »
Et je leur redis à la fin :
« Réfléchissez un peu… Votre avance, vous l’avez construite sur les courses… Sur les sauts et sur les lancers, vous étiez beaucoup moins à l’aise… et votre avance n’a pas cessé de diminuer depuis 3 semaines »
Ilyan finit par acquiescer. « C’est vrai… » me dit-il désabusé…
Pendant ce temps, les Bleu, les Vert et les Jaune ont franchi la seconde et dernière rivière. Ils foncent vers le point d’arrivée. On a un peu perdu les Orange à l’occasion… Ils étaient remontés jusqu’à la 2ème place, juste derrière la tête de la course, mais les risques de Zaccharie ne payent plus comme au début. Et il s’acharne à lancer loin… Son équipe y croit à chaque fois… Il en a tellement réussi depuis le début ! Mais définitivement non, il n’a plus la baraqua ! Ils finiront tout de même 3ème, remontant finalement les Vert grâce à un dernier lancer incroyable d’Armelle. Partis bons derniers et avec pas mal de retard, c’est une belle performance et ils sont contents d’eux. Devant, les Bleu triomphent, un coup avant les Jaune. Ils sautent partout, crient, chantent ! Ils ont gagné le challenge d’Automne !
Ils s’approchent de moi et avec une voix un peu intéressée…
« Et on gagne quoi ? ».
« Le plaisir de la victoire, d’avoir participé et d’avoir gagné ! »
Et je rajoute :
« Félicitations ! Vous avez vraiment fait une belle course aujourd’hui. Vous avez tenu bon quand les Orange étaient juste derrière vous ! »
Je trouve en y réfléchissant qu’il y un peu de logique tout de même. Ce fut une équipe plutôt soudée et solidaire. Je les ai vus plusieurs fois dans les épreuves discuter réellement stratégie, de tenter de mettre en place ce qui pouvait l’être en gardant toujours une solidarité envers leurs équipiers moins rapides.
En repartant vers la cour de l’école, je réconforte aussi les perdants, et en premier les Rouge qui pleurent à chaud de larme.
« Ce n’est qu’un jeu… »
« …j’apprécie que vous vous soyez donnés à fond pour décrocher la victoire ! Ce fut pour moi très agréable de vous regarder tous pendant ces 6 semaines ! Beaucoup auront une très bonne évaluation car presque tout le monde a fait de gros efforts pour son équipe, mais je n’oublie pas le comportement de certains lors de quelques épreuves… Globalement, ce fut un très beau challenge, bravo à tous ! »
Le point sur les parcours
La semaine d’avant les vacances, je fais toujours un point sur l’avancée des parcours. Alors, de retour en classe, je demande à chaque élève de venir au bureau avec son parcours de lecture silencieuse. Cette année, ce n’est pas comme d’habitude. Toute la classe monte au niveau 2. D’habitude, j’ai toujours 2 ou 3 élèves qui restent au niveau 1 soit à cause de difficultés de lecture soir parce qu’ils n’ont rien fait, mais cette année, même Nathan passe. C’est de justesse, mais il passe.
Pour la conjugaison, tout le monde n’a pas atteint la feuille 5 qui est le début de la période 2 (ou niveau 2 dans le parcours), mais il ne reste pas grand monde coincé sur la première feuille.
Il faut dire que l’on est en Cm2 et que conjuguer être et avoir au présent est largement à leur portée, d’autant plus que je leur laisse l’accès à leur manuel ! Non définitivement, ceux qui
sont encore sur cette feuille sont juste des élèves qui choisissent de ne pas faire le travail dans les temps de parcours ! Pour le dictionnaire, ou les parcours de mathématiques c’est un
peu la même chose avec quelques élèves récidivistes !
Reste le cas du parcours poétique ! Les élèves doivent préparer et réciter plusieurs poésies avant le premier bilan de début décembre. Du coup, en cette fin de période, on fait le point ! Seulement une petite dizaine d’élèves ont déjà récité quelque chose. Ulyana et Yann en sont déjà à leur 2ème, toujours un coup d’avance pour ces deux-là ! Cela dit, cela fait au moins 2 semaines que je préviens, que j’alerte… Mais comme souvent, cela ne suffit pas à faire bouger les lignes. Alors en cette dernière semaine, je mets un petit coup d’autorité !
J’interroge tous les élèves qui n’ont pas encore débuté officiellement leur parcours poétique sur l’une des chansons de chorale dont les paroles sont aussi à apprendre ! Et là forcément, le travail demandé n’a point été fait non plus pour une dizaine d’élèves… Qu’à cela ne tienne, ces dix-là auront un peu de travail à la maison pendant les vacances de la Toussaint. Alerter et menacer, c’est bien, mais il faut rester crédible ! Ça ne rigolait pas beaucoup quand il leur a fallu écrire dans l’agenda pour le jour de la rentrée de novembre « copier et apprendre la chanson. » !
Par contre cette année, je trouve que le parcours littéraire avance correctement. Il y a bien Marthe qui n’a que quelques points, mais à part elle, même les élèves en difficulté visible de lecture, ramènent régulièrement les livres. Les questionnaires ne sont pas tous réussis, mais tous les élèves en ont au moins réussi un.
Les rendez-vous de parents
Nous voilà déjà à la fin de ces deux premières journées et c’est ma seconde soirée de rendez-vous parents. La semaine dernière, j’ai fait passer une petite feuille de proposition de rencontre à 10 parents. Le principe, c’est de proposer 4 jours possibles avec des créneaux de 20 minutes. Mais pragmatique je reste : il n’est pas question de demander aux parents de se positionner sur un créneau… Combien je peux voir de collègues faire cela… Et, c’est un métier que j’exerce, pas plus, je ne couche pas à l’école, je suis bien mieux chez moi ! Non, je demande aux parents de rayer les créneaux impossibles pour eux. Au retour des 10 feuilles, je pose mon planning de manière à optimiser mon temps passé à l’école. Et quand cela ne passe pas, et bien cela ne passe pas ! Par exemple encore cette année, les parents d’Ilona ont rayé quasiment tous les créneaux pour ne garder que le vendredi soir à 18h… Et bien, comme personne d’autre ne pouvait venir le vendredi soir, j’ai annulé la rencontre en précisant bien que le peu de liberté qui m’était accordée ne me permettait pas de les loger dans le planning et que nous reverrions peut-être en décembre.
Bon, je suis comme ça, mais c’est quelque chose que j’explique à la réunion de rentrée et qui est également précisé sur la feuille. Je ne reste pas de 15h30 à 18h00 juste pour rencontrer une famille… Dans quel métier fait-on cela ? Et puis, il s’agit de leur enfant, les familles peuvent parfois faire un effort. Quand il s’agit de prendre un rendez-vous dans n’importe quelle administration, les parents ne leur demandent pas non plus de rester 2 heures après la débauche pour les recevoir. Et bien, c’est pareil pour moi, et au pire, on peut toujours échanger pas l’Espace Numérique de Travail de la classe.
Bref, ce mardi soir, j’ai 7 rendez-vous qui s’enchainent. De 15h40 à 18h00. Et comme je prends toujours quelques minutes de retard, je laisse, quand je peux, un créneau de libre au milieu.
Je débute ma soirée par les parents de Nour :
« Bon, je voulais faire un point avec vous sur ce début d’année. Nour est un peu en difficulté, mais je ressens chez elle une bonne envie et la fin du plan F1 a été très prometteuse… ».
C’est une famille que je ne connais pas, Nour étant l’ainée de la fratrie, mais s’en suit un échange cordial où j’appuie plusieurs fois sur le fait que les difficultés devraient pouvoir s’estomper si Nour travaille avec le même sérieux que la dernière fin de plan et que dans le même temps, si les bavardages diminuent, cela ne sera pas un mal non plus !
« Au revoir, n’hésitez pas si vous en ressentez le besoin, à revenir vers moi. Bonne soirée… Bonjour, c’est à nous Paul ! Rentrez donc ! »
Le 2ème rendez-vous est différent du premier car je connais bien la famille pour avoir déjà eu la sœur ainée qui était très performante dans les plans. Elle fait un bon collège actuellement. Ce sont les parents qui ont demandé un rendez-vous car ils sentaient Paul un peu en roue libre en ce début d’année.
« Ce n’est pas faux ! Paul a pris le temps de prendre ses marques, mais il a réussi ces deux premiers plans. Ils ne sont pas nombreux dans ce cas… Après, c’est sûr qu’il a de la marge ! »
« Oui d’ailleurs, on trouve qu’il en abuse un peu trop… Les résultats pourraient être encore meilleurs… »
« C’est sûr, mais je le lui ai dit. C’est ton choix Paul… Soit tu laisses Yann et Ulyana obtenir seuls des paliers Xp à leur plans ou alors, tu penses que tu dois aussi le faire et tu le fais ! Moi, je sais que tu en es capable, toi aussi, mais je ne te le demande pas, cela reste de ton libre choix ! »
Je sais et je vois depuis deux semaines, qu’il a déjà fait le choix de foncer vers le Xp et il est un peu triomphant dans ce rendez-vous car, il sait qu’il est très en avance sur le plan M2 et qu’il est dans le rythme pour obtenir le palier Xp avant les autres ! « Je vais remettre les choses à leur place ! Je serai le meilleur ! » C’est ce qui disent ses yeux et son sourire. Je le connais bien Paul ! Il s’est fait piquer au vif, mais son orgueil va maintenant parler ! Il est donc dans la bonne dynamique, je ne suis pas inquiet pour lui !
« Bonne soirée, à demain Paul… Bonsoir, vous êtes les parents de Nathan, je suppose ? »
Voilà un rendez-vous plus délicat…
« Nathan a des difficultés dans toutes les matières, mais pour l’instant, il est plutôt au travail. Je pense donc que les résultats devraient s’améliorer d’ici à la fin de l’année, s’il continue à travailler ! »
D’un autre côté, je suis aussi obligé de parler comportement. Ses insultes envers les autres, ses petits gestes de violence jusque dans le rang doivent disparaitre petit à petit. Cela nuit à son intégration avec les autres. Il se plaint régulièrement que les autres ne veulent pas jouer avec lui, mais il les insulte, il ne respecte pas les règles et parfois, il est même violent. Il est donc logique que les autres le rejette régulièrement…
« Donc ce début d’année n’est pas forcément mauvais, mais Nathan doit continuer ce qui est bien et faire diminuer la fréquence de ses mauvais comportements. J’aurais quand même préféré que Nathan soit présent au rendez-vous. Bonne soirée à vous. »
Petite pause de quelques minutes avant de recevoir les parents de Tristan… Là, je m’attends à un rendez-vous plus délicat… J’ai des antécédents avec la famille. Avec le grand frère cela a déjà été très dur, et Tristan a plus de difficultés que lui ! Mais pas le temps d’y penser plus avant, les voilà :
« Bonjour, entrez, asseyez-vous… »
La cordialité ne reste qu’en surface… Je prends des remarques phrase après phrase… Je me dis « Restons zen ». Cela ne sert à rien de vouloir convaincre. Pour autant, je campe sur mes positions.
« Oui, je sais qu’avec les plans de travail, vous ne pouvez pas lui faire refaire le travail à la maison… Du coup, il est obligé de travailler dans la classe, comme les autres ! »
« Oui, mais, Tristan a des difficultés, il n’est pas capable de gérer tout seul, vous lui en demandez trop. Déjà son frère a souffert de votre système et ça va recommencer cette année… »
« C’est votre avis, les résultats et les statistiques disent le contraire… C’est à Tristan de se prendre en charge, de se mettre au travail, d’écouter mes conseils. Je pense qu’il est capable de bien s’en sortir, mais il doit s’organiser… »
Pas le temps de positiver un peu plus, je prends un retour direct :
« De toutes façons, il va se planter au collège et vous ne ferez rien pour lui ! »
Il est temps que l’entretien se termine… Le papa a pris la discussion à son compte et tout ce que je peux dire n’a plus d’impact. Je conclus donc le rendez-vous en voyant les parents d’Ethan arriver devant ma porte…
« Pensez ce que vous voulez, s’il y a besoin, nous nous reverrons en décembre et si l’attitude face au travail n’a pas évoluée, peut-être que nous mettrons un dispositif de soutien en place, mais on verra cela après le premier bilan. C’est comme cela que je procède tous les ans, et Tristan n’est pas le premier qu’il faut que j’accompagne de manière plus soutenue. Je vous souhaite une bonne soirée, mon prochain rendez-vous est arrivé. »
Je les raccompagne à la porte en me félicitant de ne pas les avoir calés en dernier dans le planning de la soirée ! Pas la peine d’éterniser ce genre de rencontre, cela tourne toujours en rond et les parents ne ressortent pas plus satisfaits à la fin. Alors autant écourter, j’ai dit ce que j’avais à dire, j’ai écouté les arguments familiaux, mais chaque partie est restée sur ses positions.
« Bonjour ! C’est à vous, vous allez bien ? C’est un plaisir de se revoir, Eléonore va bien ? »
« Oui elle vous passe le bonjour, son entrée au lycée se passe super bien ! »
Tout cela se dit assez fort pour que les parents de Tristan entendent bien que leur avis n'est pas partagé de tous ! Et là pour le coup, Eléonore, c’est la grande sœur d’Ethan. Elle était en difficulté en Ce2, mais elle a travaillé, fait de gros efforts pendant ses 2 deux années avec moi et a fini son Cm2 avec les plans validés. La Pédagogie CPR a fonctionné à plein pour elle ! Le collège s’est ensuite très bien déroulé et Eléonore n’est plus du tout une élève en difficulté, elle a même très souvent obtenu les félicitations du conseil de classe. Elle fait partie de ce que je nomme dans mes livres « les petits miracles ». Autant dire que l’entretien avec les parents d’Ethan est aussi détendu que celui d’avant était tendu !
Et ainsi, la soirée se passe… 18h30 les derniers parents sortent de la classe. « Ouf ! c’est fait ! ». C’est long une telle soirée, mais j’aime assez. Il y a ces parents que l’on a plaisir à revoir, ceux que l’on découvre et les parents de Tristan ! Il faut de tout ! Je ne fais pas l’unanimité. Que voulez-vous, ce n'est pas à mon âge que cela va commencer ! Je préfère garder dans la tête les bonnes rencontres que de ruminer ou de considérer les quelques parents qui m’affrontent et m’accusent comme des échecs. Je fais de mon mieux pour leur enfant également. Souvent ils pensent que je peux me venger sur leur enfant. Que c’est mal me connaitre ! Et puis franchement, Tristan, il est adorable. Dommage qu’il ne travaille pas de manière plus efficiente. Mais à toujours entendre le discours de ses parents, comment voulez-vous qu’il me fasse confiance ? Il est toujours sur la retenue, il est en conflit interne perpétuel. C’est lui qui ressent le plus la distorsion entre le discours de ses parents et ce qu’il constate dans la classe. Espérons qu’il fera le chemin vers le travail et les bons choix, mais ce n’est jamais gagné dans ces cas-là !
Les plans M2 et F2 avancent
Le plan M2 de Mathématiques se termine le jeudi juste au retour des vacances, il faut donc ouvrir toutes les découvertes cette semaine. Il n’y a pas de répit sur cette semaine de pré-vacances. La 6ème compétence est ouverte jeudi matin. Paul s’engouffre dans la brèche ! 2 jours qu’il avait fini les 20 exercices des 5 premières compétences et qu’il en était à valider un maximum de points bleus en corrigeant les erreurs restantes. Là, enfin du neuf pour lui ! Il se lance… Les venues au bureau sont prioritaires si l’on a fait un exercice dans la nouvelle compétence. Je ne vois pas Paul pendant un bon quart d’heure… Et il pose son étiquette… Encore 10 minutes et c’est son tour de venir au bureau ! Non, ce n’est plus le Paul des premiers plans ! Il a déjà fait 3 exercices sur les 4 ! L’un lui donne un point bleu d’entrée, les deux autres un point jaune avec peu d’erreurs. Quand il a fini de corriger, il repose son étiquette mais comme les autres ont aussi travaillé, il ne peut venir au bureau que quelques minutes avant midi. C’est Marthe qui est devant lui. Elle aussi elle veut absolument réussir ces 2 nouveaux plans, surtout après ses déboires du plan F1 ! Elle a semble-t-il décidé qu’on ne l’y reprendrait plus ! Alors elle aussi, elle a plusieurs exercices à faire corriger. Et hop encore 2 points bleus !
« Désolé Paul, il est midi ! »
Et je lui montre ma montre.
« On se reverra demain ! »
Paul repart vers sa place un tantinet frustré… Mais il sait bien que ses exercices sont faits et que demain, juste avant de partir en vacances, il aura l’occasion de valider ce plan M2 avant tout le monde, Ulyana et Yann compris !
Je l’observe et je me dis : « C’est bien Paul, t’as compris ! » Cela fait toujours un de moins à installer dans son bon rythme !
La réunion de classe de neige
Comme tous les ans, nous réunissons les parents des Cm1 et Cm2 le jeudi d’avant les vacances de la Toussaint pour présenter et préparer la classe de neige. C’est ce soir, juste après le conseil d’école. Cette année encore, nous irons dans le Vercors. Nous présentons le centre aux parents qui ne connaissent pas. Beaucoup connaissent… Certains y sont allés quand ils étaient élèves, car la classe de neige à l’école d’Issiéla, c’est une tradition ! Plus de 25 ans que cela dure. Tous les ans, les classes de Cm1 et Cm2 partagent ce grand moment de vie !
Mais cette année, l’inflation fait des dégâts… Les prix ont augmenté : transport, hébergement et location de matériel, tout a augmenté et nous devons répercuter un part de cette augmentation sur les familles. Pourtant, aucune grogne, aucune réaction négative ! Tous les parents le disent :
« On est heureux que nos enfants puissent connaitre la classe de neige ! »
Il faut dire que seules quelques familles de l’école vont régulièrement à la montagne l’hiver avec leurs enfants. Il s’agit donc d’une ouverture importante. Finalement, la seule inquiétude de tous, nous y compris, est de savoir si il ne s’agit pas là de la dernière que nous serons en mesure d’organiser…
Bonnes vacances
Nous voilà arrivés au vendredi tant attendu ! Dernier jour avant les vacances. Au programme, du travail et un peu de rangement dans les classeurs. J’ai prévu également de clôturer la période avec une petite séance d’échecs. Ils adorent !
Oui, mais voilà, en arrivant à l’école, je suis confronté à un petit contre-temps… Jeudi soir, les femmes de ménage de l’école ont découvert des inscriptions graveleuses sur l’intérieur des portes des toilettes des filles… Et il y a des noms. Des Cm2 bien sûr ! Visiblement, Alison et Armelle ont des explications à donner ! Convoquées immédiatement à leur arrivée chez M. le Directeur !
Si Alison tente vainement de nier (comme elle fait à chaque fois qu’elle est prise sur le fait), Armelle admet de suite avoir participé à ces dégradations. Elle confirme également la participation d’Alison ! Voilà, on y est ! J’en profite pour faire une petite séance d’Education Morale et Civique dans la classe. Il n’y a rien de mieux que les travaux pratiques !
« Et les autres ? Vous n’avez rien vu ? Car visiblement, cela fait plusieurs jours que c’est dans cet état ! »
Là, je vous promets que je n’ai pas de problème pour avoir le silence dans la classe… Pas un pour rattraper les autres… Il est alors temps de parler de la notion de complicité…
« Vous trouvez cela normal d’écrire et de lire de tels mots ? A votre âge ? Et les petits de l’école, vous y avez pensé ? »
Pas un mot dans la classe…
« Si l’on ne dit rien dans un tel cas, c’est que l’on est d’accord… On est donc complice… »
Quelques langues de délient quand même un peu pour expliquer qu’Alison ou Armelle ne font pas qu’écrire, elles parlent aussi… D’autres se dénoncent spontanément pour dire qu’ils ont aussi participé au moins en rapportant ce qu’ils avaient lu aux autres, en particulier aux garçons !
Du coup, ce temps passé est celui des échecs, et la dernière heure de la période ne sera pas une heure de jeu mais une heure de travail sur le plan de français ! Pour ma part, je me vois dans l’obligation de faire deux jolies productions d’écrit dans le cahier de liaison de mes deux dévergondées pour informer leurs parents ! Je ne prends pas de sanction autre que de supprimer toutes les étoiles de comportement restantes de la semaine. Je suppose, j’ose espérer qu’elles auront quelques comptes à rendre dans les familles ! Les vacances permettront au personnel de la mairie de faire disparaitre ces horreurs !
Vendredi 15h30, je laisse tout cela derrière moi, les vacances sont là. Mais je ne m’éloigne jamais trop de l’école… Cette année, on profite de ces deux semaines de repos pour aller en Normandie : Visite des plages du débarquement avec nos enfants et visite du village départ de la course d’automne annuelle à la voile (cette année la transat en double Le Havre-La Martinique (Jacque Vabre)). Nous suivrons en partie cette course dans la classe à la rentrée. Du coup, je profite des vacances pour préparer…
Note de l'auteur : le roman de l'année est un roman ! Il s'agit d'une fiction, même s'il s'appuie sur ma réalité de professeur des écoles.
Objectif premier du roman de l'année : Accompagner les nouveaux professeurs en Pédagogie CPR
Ce qui est réel :
- Temporalité et paramètres de la classe
- Les anecdotes sont réelles, mais pas de l'année en cours.
Ce qui est fictif :
- les élèves et leurs résultats, les personnages secondaires.
(Ils n'ont pas de lien avec qui que ce soit)
- L'école et son environnement. Issiella n'existe pas !
Crédit photos : beanico-photo (www.beanico-photo.fr)
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