· 

La gestion de la difficulté et de l'hétérogénéité



 

 

Dans le premier article de la série "S'informer sur la Pédagogie CPR" (accéder à l'article ici),  j'ai abordé le côté théorique de la Pédagogie CPR et son modèle de classe innovant (Système Dynamique Non Linéaire).

 

Dans un deuxième article (accéder à l'article ici), on a pu ensuite légitimement se poser la question de savoir ce que la Pédagogie CPR apporte réellement de plus que les autres pédagogies, en concluant qu'elle pouvait être considérée comme une sorte de 3ème voie, entre pédagogies traditionnelles et pédagogies dites actives.

 

Le 3ème article (accéder à l'article ici) a exploré le public enseignant qui pouvait tirer partie de la Pédagogie CPR. Le panel est extrêmement large, pour ne pas dire que tous les enseignants sont potentiellement susceptibles d'y trouver leur compte. Il suffit d'oser se lancer !

 

Le 4ème volet (accéder à l'article ici) a présenté le dispositif de classe que j'utilise pour mettre en pratique la Pédagogie CPR depuis plus de 10 ans ainsi que la nouvelle échelle d'évaluation qui a été développée parallèlement.

 

Pour clore cette série d'articles, je vous propose de découvrir comment la Pédagogie CPR permet de gérer de manière structurelle, sans générer de surcharge de travail, à la fois la difficulté scolaire et l'hétérogénéité globale d'une classe.


La gestion de la difficulté scolaire


 

 

Dans le cadre du dispositif de classe proposé par mettre en oeuvre la Pédagogie CPR (les Plans de Travail CRP et les différents parcours), la gestion de la difficulté scolaire est structurelle. Chaque élève est dans la norme et se doit d’affronter ses difficultés sans artifice et sans édulcoration. Soumis aux mêmes obligations que ses pairs, chaque pas en avant, chaque réussite est attribuée directement à ses choix et à son travail. La fierté qu’il ressent impacte durablement son estime de lui et sa motivation. Au fil du temps, son pragmatisme se développe et par voie de conséquence, sa Zone Proximale de Développement s’étend. Cette ZPD étendue va lui permettre enfin d’accéder aux apprentissages de la même manière que ses pairs. Les lacunes existantes se combleront alors au fil des rencontres, des besoins et des ré-étayages fournis par le professeur dans son rôle d’accompagnant. Tous les ans, dans les classes fonctionnant en Pédagogie CPR, des élèves en difficulté, des élèves présentant des troubles d’apprentissage (Dys) progressent de manière importante et durable, ce que confirment les résultats obtenus au collège ultérieurement.

 

 

 

 

 

Pour autant, l’investissement du professeur pour ces élèves n’est pas plus important que pour les autres. Pas de préparation dissociée, pas de différenciation. Il faut juste lâcher prise, être patient, faire confiance aux élèves, les accompagner, accompagner chaque pas, chaque réussite pour amplifier le mouvement. Cela ne demande pas de surinvestissement, cela demande de l’empathie et la récompense est énorme quand cela fonctionne, et cela fonctionne souvent, même si la Pédagogie CPR ne fait pas de miracles. Elle permet juste à chaque élève d’exprimer ce qu’il est, ce qu’il est capable de faire, même s’il ne rentre pas dans la moyenne des élèves de son présupposé stade de développement cognitif.

 

 

 

Pour résumer la prise en compte des difficultés en Pédagogie CPR, on commence par soigner la raison des difficultés et surtout le frein principal qui pénalise les élèves lors des apprentissages : une ZPD trop peu étendue. Quand ce point évolue, quand ce déficit est résorbé grâce au développement du pragmatisme de l’élève, il est alors temps de combler les lacunes. Il s’agit là d’une différence fondamentale avec les pédagogies traditionnelles qui mettent systématiquement en place des activités décrochées ou différenciées ayant pour objectif l’acquisition des compétences qui ne l’ont pas étés en même temps que les pairs (ceux qui appartiennent à la majorité du groupe de développement cognitif de type Piaget). Je vous invite à lire la partie A de mon premier ouvrage à ce sujet, j’y démontre l’inefficience de la différenciation pour les élèves en difficulté régulière.

 

Dans les deux livres que j'ai publiés, vous pourrez aussi trouvé un long chapitre sur l'intégration des différents type d'élèves, en fonction de leur difficulté, de leur singularité.

 

Articles

pour aller plus loin


Gérer l'hétérogénéité de la classe


 

Considérer chaque élève à travers sa singularité avant tout est l'un des points fondateurs de la Pédagogie CPR. Ceci étant acté, on ne peut plus véritablement parler d'hétérogénéité de la classe. La classe est simplement un système dynamique non linéaire de singularités. Je vous renvoie là encore à mon premier ouvrage pour découvrir ces concepts dans leurs détails. Comme déjà énoncé, dans un tel modèle de classe, aucun élève n'est "hors-norme". Il n'y a pas de norme d'ailleurs, pas d'élève idéal, pas d'élève modèle. Chacun a sa place avec ses propres caractéristiques. De ce point de vue donc, l'hétérogénéité n'est plus un problème en soi. Adopter la Pédagogie CPR, c'est déjà avoir fini de gérer l'hétérogénéité.

 

Bon, bien entendu, entre théorie et mise en pratique, il y a toujours une différence non négligeable et il est toujours un peu plus simple d'avoir tous les élèves qui se ressemblent. Mais un "dys", un EIP, un Autiste, etc... a sa pleine place dans la classe et peut s'adapter au dispositif par Plans de Travail CPR. N'en doutez pas, vous serez surpris par leur adaptabilité, même s'il leur faut parfois un peu de temps, et surtout, vous serez surpris de ce qu'ils sont capables de réaliser par eux-mêmes et que l'on aurait pas cru, et que l'on aurait jamais vu si on avait différencié par avance, parce que l'on aurait soit disant anticipé justement ce qu'ils n'étaient pas capables de faire !

 

C'est cela la Pédagogie CPR, c'est cela l'un de ses grands atouts : assurer un espace de travail serein et adapté à chaque type d'élève, à chaque niveau d'élève, pour qu'il ait le loisir d'exprimer tout son potentiel, tout cela sans nécessiter de travail supplémentaire (en particulier de préparation) pour l'enseignant qui restera encore une fois un accompagnant de chaque élève.

Le cas du double-niveau


 

Au final, avoir une classe en double-niveau n'est pas si différent de la gestion de l'hétérogénéité. Là encore, chaque élève est singulier, qu'il soit en Cm1 ou en Cm2 n'a donc que peu d'importance. Il y a quand même une différence notable, ce sont les contenus des enseignements, et là, il y a bien un peu de travail supplémentaire pour le professeur.

 

C'est un moment où il faut aussi être pragmatique. En ce qui me concerne, j'ai eu des Cm1-Cm2 de manière irrégulière, et jamais deux années de suite, mais j'ai pris comme solution de regrouper les plans de travail CPR de français et de réaliser des plans différents (mais coordonnés) pour les mathématiques. En utilisant les mêmes manuels, il est assez aisé de bâtir des plans qui permettent de réaliser des découvertes communes, ou tout du moins en rapport pour les Cm1 et les Cm2. Je vous invite à retrouver ses séries de plans dans la partie Ressources de ce site (en cliquant ici).

 

Et à l'arrivée, j'ai trouvé que la gestion d'un Cm1-Cm2 avec la Pédagogie CPR ne donnait pas beaucoup plus de travail qu'un Cm2 pur qui aurait quelques élèves difficiles. Bien entendu, on peut aussi avoir un Cm1-Cm2 avec des élèves très difficiles ! Et dans ce cas, comme dans n'importe quelle pédagogie mise en oeuvre, il sera plus facile d'avoir une classe sans élève difficile ! Ce que je veux dire, c'est que cet écart lié à des élèves difficiles présent sera largement plus grand que l'écart produit par un double niveau par rapport à un niveau simple. Je vous renvoie aussi à l'article de cette série nommé :"qui peut utiliser la Pédagogie CPR ?" (cliquer ici) qui évoquait déjà cette problématique.

Pour en découvrir plus sur la Pédagogie CPR



Les meilleurs articles pour découvrir la Pédagogie CPR


Écrire commentaire

Commentaires: 0