L'idée de travailler un plan sur seulement 2 jours de la semaine ne me paraissait pas de prime abord faisable. Pour autant, m'étant mis tout seul dans la position du remplaçant, et souhaitant garder un fonctionnement de classe qui me satisfasse, l'idée de remettre en place des plans CPR m'a vite titillé l'esprit. Cela m'a vite manqué !

J'ai commencé dans une classe de Cp-Ce2 que j'ai sur 2 jours depuis la rentrée. Cela m'a d'abord permis de me donner une plus grande latitude pour gérer ce double niveau qui n'est pas forcément aisé, surtout pour quelqu'un qui, comme moi, n'a pas fait de Cp depuis des années. La relative autonomie des Ce2 par rapport aux Cp a permis cela, m'a dégagé du temps et m'a permis de gérer au mieux les temps de présence auprès des Cp.

Quand on travaille sur 2 jours, il est d'usage (et fort pratique, pour ne pas dire pragmatique) de se répartir les matières entre les 2 professeurs. Ainsi fait, comme pour un poste à plein temps, il faut se définir une progression-programmation et répartir ses compétences sur le temps imparti.

Dans le cas d'un poste à l'année, il est aisé de reprendre la programmation du manuel que l'on utilisera comme support (on en reparlera un peu plus loin). Dans le cas d'un poste dans un temps limité, on se bornera à trouver les compétences qui s'insèrent dans la progression naturelle de la classe. Dans ce cas, c'est le travail de remplaçant qui s'exprime directement.

L'organisation du plan de travail CPR classique (je vous renvoie au Guide pratique pour enseigner par plan de travail en Cm1-Cm2) consiste à un plan de 6 compétences de français et un plan de 6 compétences de mathématiques qui durera environ 3 semaines et demi. Je ne pense pas que prolonger un plan au double du temps soit un bon choix pour les élèves, je propose donc, sur un poste à mi-temps, de réduire le nombre de compétences. Et quitte à les réduire, puisque l'on est à mi-temps, autant prendre la moitié des compétences. Autant ne faire qu'un seul et unique plan de 6 compétences : 3 en français et 3 en maths. Pour la durée du plan, on va plutôt travailler sur 4 ou 5 semaines (5 les premiers plans).

C'est ce que j'ai mis en place pour les Ce2 de la classe de Cp-Ce2 dont j'ai la charge deux journées par semaine sur toute l'année. Mon planning m'amène à concevoir 7 plans CPR sur l'année, mais on peut en faire 8 si on démarre dès septembre, ce qui n'a pas été mon cas (j'ai un peu observé les Ce2 avant de les mettre en plans de travail CPR). En ce mois de mars, nous avons entamé le Plan de Travail CPR n°5, ce qui suit la programmation que je m'étais fixée.

La feuille de plan est celle que j'utilise sur une classe à plein temps. Vous pouvez trouver des modèles de feuilles à modifier dans les séries de plans à télécharger dans les pages ressources de ce site (à découvrir ici).

J'y ai gardé la zone optionnelle qui me sert parfois également. Avec les Ce2, j'utilise la production d'écrit ICO-R (Découvrir le fichier de renforcement CPR d'orthographe et de production d'écrit), avec les Cm2, j'ai utilisé le SuperDéfi Maths (découvrir le SuperDéfi Maths).

Le fonctionnement du plan est assez similaire à celui mis en place dans une classe à plein temps et je vous réinvite une nouvelle fois à découvrir ce fonctionnement par le détail dans mon deuxième livre (Le guide pratique).

En fin de plan, les parents seront invités à signer le plan de leur enfant.

Il faut maintenant parler de la génération de la feuille de plan que l'on va proposer aux élèves. Pour bâtir le plan en amont, il est bon de faire le tour de la classe (et souvent de l'école) pour trouver une série de manuels, s'il n'y en a pas en usage dans la classe. Si l'on trouve, on peut y puiser les exercices à proposer dans le plan. Parfois, le choix de supports est très limité dans les écoles où l'on arrive ! Cela m'est arrivé de demander de visiter les vieilles armoires et les vieux placards et d'y trouver une vieille série de manuels. Même anciens, on y trouve bien assez d'exercices pour bâtir le plan ! Quand il n'y a pas de manuel, ou pas en quantité suffisante, alors je puise à la fois sur les sites internet des collègues qui diffusent des banques d'exercices gratuits et-ou dans mon fond de manuels (souvent des spécimens). Je me permets alors de créer une feuille A4 recto verso par matière (1 pour le français et 1 pour les maths).  On essaye quand même de rester au mieux dans la légalité et le respect des règles de reproduction des éditeurs. 

La question du support de travail est également importante. Si l'on travaille sur l'année à temps partiel sur la classe, il suffit d'avoir un cahier de plans CPR. C'est le cas le plus simple. L'autonomie de travail est parfaite. C'est le cas dans 2 des classes où j'ai pu travailler par plans. Sinon, il y a toujours les feuilles de classeur que l'on va pouvoir réunir avec les feuilles d'exercices (si il n'y a pas de manuel) et la feuille de plan. Tout cela pourra finir dans le classeur des élèves ou dans ce qui s'en rapproche.

 Il est évident que déployer la Pédagogie CPR sur (ou pour) un temps court nécessite d'aller droit au but ! Ceci étant, la présentation que je fais aux élèves est grosso-modo la même que quand j'avais ma classe à plein temps, mais je vais plus vite et surtout je les lance très rapidement dans le bain du plan.

Étant donné que je ne suis pas dans ma classe, mais dans celle d'un ou d'une collègue, je m'organise au mieux. Il me faut un "bureau" où les élèves peuvent venir se faire corriger. Parfois, le bureau de l'enseignant n'est absolument pas adapté. Alors il faut imaginer... Le mieux, une table d'atelier en fond de classe, sinon, deux tables d'élèves que l'on trouve souvent dans la classe (comme sur la photo ci-dessus) et au pire, ce sera une seule table. En fin de mes 2 journées du mi-temps, je range pour remettre à peu près dans l'ordre que j'ai trouvé.

Alors bien entendu, il va falloir gérer les venues au bureau. Dès que je m'installe sur une classe pour installer un plan, il me faut développer le système de passage. Avec les Ce2 de la classe de Cp-Ce2, et comme ils sont peu nombreux, je n'ai pas d'étiquettes nominatives, mais j'installe 3 cerceaux au sol. Les élèves peuvent venir en attente et quand les cerceaux sont pleins, ils doivent attendre. L'intérêt est que cela se met vite en place, l'inconvénient, c'est qu'ils se battent parfois pour prendre la dernière place, et ils passent un certain temps (pour ne pas dire un temps certain) à surveiller que cela se libère. De ce point de vue, mettre des étiquettes nominatives comme je l'explique dans mon livre "Enseigner par plans de travail en Cm1-Cm2 : le guide pratique", va être plus efficiente. C'est ce que j'ai fait avec les Cm2 que j'ai eu à mi-temps pendant 2 mois. Pour faire les étiquettes, j'ai découpé des bandes de papier bristol. On les plie en 4, pour constituer un prisme (On agrafe deux des parties ensemble). Les élèves écrivent alors leur prénom sur les deux faces qui seront visibles. Ainsi l'étiquette pourra être posée sur mon "bureau" pour faire la file d'attente. Quand je quitte la classe, je fais remiser les étiquettes dans un bac, je ne les laisse pas aux élèves, sinon, quand je reviens dans la classe, la moitié ont disparu !

A partir de là, on va pouvoir fonctionner grosso-modo comme sur une classe à plein temps.

On corrige un maximum au bureau et quand on part le soir, on essaye de tout avoir vu. Je demande parfois aux élèves de laisser leur travail ouvert sur leur table. Je passe alors pendant la récréation ou pendant la pause méridienne de manière à ne pas en avoir à corriger le soir. En général, je récupère les plans et les feuilles d'exercices et les cahiers. Tout cela sera remisé dans un coin de la classe pour être redistribué la semaine suivante.

En fin de plan, je corrige l'intégralité des feuilles (mais elles sont en grande partie déjà corrigées), je marque les évaluations selon l'échelle d'évaluation (à découvrir ici) en utilisant les tampons dédiés (à commander ici), ils ont l'avantage d'être explicites. Vient ensuite le temps de mettre une petite appréciation rapide du travail constaté en bas de la feuille de plan.

Je donne ensuite les plans à faire signer aux parents. Cela a un avantage, c'est de rentrer en communication directe avec les parents quand on n'est pas titulaire de la classe. Si l'on est le titulaire de la classe mais à mi-temps, c'est tout de même un rapport quasi mensuel du travail des élèves qui est transmis aux familles.

J'ai eu d'ores et déjà l'occasion de mettre des plans de travail CPR à temps partiel dans 3 classes différentes et j'entame une 4ème au mois de mars. Pour l'instant, tous les retours ont été positifs. Les collègues qui font le complément ne s'y sont pas lancés pour autant, mais la collaboration a été fructueuse à chaque fois.

En ce qui concerne les élèves, ils adorent comme toujours, du moins pour ceux qui travaillent (comme toujours aussi). L'intérêt est quand même de favoriser très rapidement les élèves sérieux. Chaque journée est l'occasion de révéler la personnalité de chacun et de les considérer de suite en fonction de ce qu'ils sont personnellement, ce qui correspond à 100% au concepts profonds de la Pédagogie CPR. (voir mon premier livre)

Beaucoup d'élèves sont venus spontanément me dire qu'ils aimaient bien travailler ainsi. Dans ces élèves, il y avait des élèves en réussite, mais il y avait aussi des élèves en difficulté, des Dys... Tous les élèves n'ont pas été en réussite, bien entendu ; à mi-temps, comme à temps plein, la Pédagogie CPR ne fait pas de miracle, mais en ce qui concerne tous ceux qui se sont mis au travail, les effets ont été bénéfiques sur les apprentissages et sur l'estime de soi. Je ne peux pas réellement me prononcer sur la durabilité de l'effet sur 1 ou 2 plans de travail CPR. Sur une année complète, les effets m'ont l'air d'être les mêmes que l'on soit à mi-temps qu'à temps plein. Toutefois, il parait logique de penser que les effets sont diminués en intensité et en durabilité par le fait de ne travailler ainsi qu'à mi-temps. Est-ce que pour autant, il ne faut pas se lancer ? Et bien non, le développement du pragmatisme se fait tout de même !

Je rappelle alors ici ce que j'ai écrit dans mes 2 livres : il y a souvent un déclic, un changement profond qui s'installe pour longtemps chez certains élèves qui décollent en résultats en cours d'année. Et bien c'est pareil à mi-temps, si le palier se franchit, il se franchit ! Je le constate avec les Ce2 où plusieurs élèves ont vraiment pris de la confiance d'une manière qui sera certainement durable. D'autres ont su élever leur niveau de travail de manière à atteindre des objectifs élevés et quand ils y sont parvenus, ils ont continué sur leur lancée.

Découvrez les livres de la Pédagogie CPR

Pour une entrée plus théorique :

Rendre chaque élève de Cm1-Cm2 responsable de ses apprentissages

Pour une entrée plus pratique :

Enseigner par plans de travail en Cm1-Cm2 : le guide pratique